Cabinet Yann Botrel

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  • Les dangers du "gaz hilarant": le protoxyde d'azote

    Le gaz hilarant : un produit très dangereux inhalé par les jeunes

    Le protoxyde d’azote ou gaz hilarant est un produit qui existe depuis plusieurs siècles. Utilisé jusque-là à des fins bien précises et de façon très réglementée, il devient de plus en plus prisé par les adolescents. Pourtant, il s’agit d’une substance très nocive. En effet, il peut occasionner une variété de réactions graves chez le consommateur.

    Les malaises, brûlures, crises cardiaques et troubles neurologiques ne sont que quelques exemples. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les Autorités sanitaires en Auvergne-Rhône-Alpes ont récemment publié un message d’alerte. En tant qu’addictologue lyon, je vous propose de découvrir tous les dangers du gaz hilarant ainsi que quelques pistes pour les limiter.

     

    Yann Botrel protoxyde d''azote

    Qu’est-ce que c’est que le gaz hilarant ?

    Avant d’aborder les effets nocifs du gaz hilarant, une petite clarification s’impose. Considéré comme meilleur hypnothérapeute lyon et addictologue, on m’a souvent posé la question de savoir ce que c’est que ce gaz exactement. Si vous vous demandez la même chose, sachez qu’il s’agit d’un produit incolore et inodore utilisé depuis le XVIIIème siècle.

    Il est connu plus exactement sous le nom de protoxyde d’azote (N2O) ou proto. Comme son nom l’indique, il se présente sous forme gazeuse. Cependant, il convient de préciser que contrairement à la plupart des substances, il possède un effet hilarant très prononcé.

    Le consommateur expérimente une sensation d’euphorie et d’enjouement à la manière d’un petit enfant. Généralement, cet état se prolonge sur une période assez limitée. L’individu peut rire pendant plusieurs minutes même si le sujet débattu n’est pas drôle. C’est justement cela qui fait virevolter les jeunes.

    Pourquoi a-t-il vu le jour ?

    A l’origine, le protoxyde d’azote ne faisait pas objet d’une utilisation détournée à des fins récréatives par les adolescents. Il s’agissait plutôt d’un produit employé que dans des sphères bien précises. Au nombre de ces dernières figure la médecine. En réalité, le proto présente des propriétés anesthésiques.

    Les dentistes et médecins pédiatres s’en servent depuis longtemps. On le retrouve également dans les blocs opératoires. Outre le domaine médical, le fameux gaz hilarant est utilisé dans l’industrie automobile. Les grandes enseignes en font usage notamment lors de la conception de fusées et des engins à propulsion.

    Enfin, il est aussi possible de dénicher le protoxyde d’azote en cuisine. Les cartouches de siphons à crème chantilly par exemple en contiennent. Dans l’un comme dans l’autre cas, je dois préciser que l’utilisation de ce produit est soumise à des règles bien strictes. De nombreuses précautions sont également prises en raison de sa nocivité.

    L’utilisation non-réglementée du protoxyde d’azote par les jeunes : un phénomène inquiétant

    L’usage du proto comme substance récréative a commencé en Grande Bretagne lors de la période victorienne. Les jeunes y ont eu recours dans le but de planer et de rendre les célébrations plus festives. C’est d’ailleurs de là que vient le terme de gaz hilarant. En effet, les réjouissances étaient qualifiées de « laughing gas parties ».

    L’utilisation non-réglementée de ce produit a pris de l’ampleur au début des années 2000 avec les clubs et festivals. Dorénavant, les étudiants ne sont plus les seuls à inhaler le protoxyde d’azote. Les adolescents s’y sont aussi mis et semblent véritablement y prendre goût. Les cas de détournement de gaz hilarant de l’industrie alimentaire ou de la cuisine se multiplient.

    Cela pose un véritable problème de santé compte tenu des multiples risques encourus par ces derniers. Certains prennent même plus d’une centaine de cartouches par jour. La vidéo de cette jeune fille consommant du proto au volant et expérimentant ses effets psychotropes illustrent très bien à quel point ce phénomène devient inquiétant.

    Quels sont les dangers du gaz hilarant ?

    Vous vous interrogez sur les dangers du gaz hilarant ? Vous souhaitez en savoir plus sur les effets secondaires expérimentés après sa consommation ? Sachez qu’ils sont multiples. Étant expert addictologue lyon, j’ai l’habitude de les classer en deux catégories. Il s’agit des conséquences imminentes et tardives. Les premières apparaissent dans les secondes qui suivent l’inhalation tandis que les secondes prennent plus de temps avant de se révéler.

    Les effets secondaires imminents ou aigus

    Le protoxyde d’azote est un gaz très volatile. Quelques secondes après son absorption, il déclenche au niveau du cerveau une stimulation excessive de la production de dopamine. C’est ce qui est à l’origine de l’hilarité expérimentée par le consommateur. Cela est très similaire à l’ivresse des profondeurs que connaissent les plongeurs. Voici les conséquences aigües le plus souvent enregistrées.

    Les malaises et brûlures

    L’individu qui a inhalé le proto peut ressentir des malaises et s’effondrer littéralement en quelques secondes. Il peut aussi être victime de brûlures. En réalité, il s’agit d’un gaz extrêmement froid. Au contact des muqueuses, il crée des dommages très importants. C’est d’ailleurs pour cette raison que les dermatologues s’en servent pour traiter les verrues.

    Les troubles musculaires

    Cela dit, il convient de préciser que ce produit n’affecte pas que la structure des muqueuses. Il réduit aussi considérablement la mobilité musculaire. De nombreux cas d’arrêt de déglutition ont été signalés à la suite de l’inhalation de protoxyde d’azote chez des jeunes.

    Les problèmes respiratoires et cardiaques

    L’autre danger imminent phare encouru par les adolescents, c’est l’asphyxie. Même si son effet se dissipe au bout de quelques minutes, cela est largement suffisant pour qu’il prenne la place de l’oxygène et dérégule le fonctionnement des poumons et du cœur.

    L’arrêt cardiaque et la formation d’œdème sont donc également des risques graves auxquels sont exposés les adolescents. Dans certains cas, cela peut s’avérer très rapidement fatal. On déplore déjà une soixante de décès liés à cette utilisation détournée du gaz hilarant.

    Les séquelles sur le moyen ou le long terme

    Hormis les effets aigus, l’inhalation répétée du protoxyde d’azote peut aussi créer des conséquences à moyen ou long terme.

    Les problèmes neurologiques

    Au bout de 3 à 6 mois, l’individu développe généralement des problèmes neurologiques. Ils sont très variés. Au nombre de ces derniers se distinguent les troubles de la marche. Plusieurs jeunes se retrouvent obligés de recourir à un fauteuil roulant ou à des béquilles pour se déplacer en raison des dysfonctionnements difficiles à rééduquer. Sur des terrains fragiles, cela peut même s’avérer irréversible.

    Les troubles de l’humeur et les séquelles psychiatriques

    En dehors de ces risques, il y a aussi les troubles de l’humeur et les problèmes psychiatriques. La personne peut devenir facilement irritable ou encore perdre une importante partie de ses facultés mentales (convulsions, pertes de mémoire, hallucinations, etc). Retenez simplement que l’ampleur des dégâts occasionnés variera en fonction de la quantité inhalée, de la durée, mais aussi de l’état physique du sujet au moment de la consommation. C’est donc la vie entière de l’adolescent qui est en jeu.

    Qu’en est-il des risques de dépendance ?

    À côté de toutes ces séquelles, il faut attirer l’attention sur les risques de dépendance. Bien que le protoxyde d’azote ne soit pas addictif à proprement parler, sa consommation tend à inciter à la récidive. L’individu cherchera presque toujours à l’inhaler de nouveau pour retrouver son effet apaisant et euphorique.

    Il est même très fréquent de constater une augmentation de la dose ingérée à cause du phénomène de tolérance. En d’autres termes, cela signifie que le jeune ne se contentera pas que d’en reprendre. Il voudra à chaque fois une quantité plus importante de gaz hilarant. Autrement, il ne pourra pas expérimenter de nouveau l’effet primaire.

    Nous les professionnels de l’addiction et de l’hypnose lyon, nous préférons donc qualifier l’inhalation de proto de conduite addictive. La substance elle-même est anxiolytique. Pour preuve, plusieurs jeunes sont passés d’une cartouche par jour à 25 en seulement quelques semaines.

    D’autres peuvent même en inhaler 100 la journée. Rien qu’en parlant des risques de dépendance encourus, cela est déjà colossal. En tenant également compte des dangers physiologiques et psychologiques, l’on ne peut que s’alarmer.

    Quelles sont les mesures à prendre pour contrôler l’usage de ce gaz par les adolescents et limiter ses effets ?

    Au regard de la situation qui prévaut, vous convenez avec moi que des dispositions s’avèrent nécessaires pour contrôler l’usage du gaz hilarant par les adolescents et limiter ses effets. De mon point de vue, il doit surtout s’agir d’une approche préventive.

    Poursuivre la sensibilisation sur les dangers du protoxyde d’azote

    Premièrement, il est essentiel de poursuivre les efforts de sensibilisation sur les dangers du gaz hilarant. Si les jeunes continuent d’en faire un mauvais usage, c’est sans doute parce qu’ils ne sont pas encore pleinement conscients des dangers qu’ils encourent. Ce produit peut changer la perception en seulement quelques secondes.

    Lorsqu’il est mélangé avec d’autres substances (alcool, stupéfiants, etc) comme les adolescents le font, il génère des effets encore plus dévastateurs notamment sur le cerveau. En tant qu’adultes, nous devons donc multiplier les campagnes de sensibilisation afin de leur ouvrir les yeux. Je pense que les médias ont aussi un rôle très important à jouer.

    Renforcer les mesures de réglementation de l’utilisation du gaz hilarant

    Deuxièmement, il faut renforcer les mesures de réglementation en ce qui concerne l’utilisation de ce produit. L’interdiction de la vente du proto aux mineurs par la loi est un premier pas. Les efforts des associations militant pour le retrait de ces produits nocifs que l’on retrouve en vente libre sur le marché sont aussi à louer. Néanmoins, nous devons encore mieux contrôler les voies et moyens par lesquelles nos jeunes se procurent le N2O

    Rester en alerte pour identifier les cas d’inhalation et consulter un professionnel le plus tôt possible

    Enfin, je pense qu’il faut rester en alerte afin d’identifier tout cas d’inhalation. Comme mentionné plus haut, le plus vite cela est diagnostiqué, meilleures sont les chances de rémission. Même s’il est difficile de se rendre compte lorsque son enfant a consommé du proto, cela n’est pas impossible.

    Je recommande donc aux parents de prêter une attention particulière aux signes caractéristiques (fourmis dans les mains, vertiges, etc) et de consulter un professionnel de la santé à l’apparition de ces derniers. Pour une prise en charge optimale, le médecin et l’addictologue lyon sont tous deux d’un important secours.